─ Une toile, une poignée de pigment, une feuille
de papier, sans contexte lisible : elles se mêlent,
s’enfilent, se tissent, s’unissent, se donnent un sens
d’être, de vie, passé ou à créer.
La matière s’ébroue, s’impose, guide et prend forme.
Le travail se nourrit de la matière et des matériaux.
Et du silence, du temps, du vide et de leur profondeur.
J’ignore ce qui mène à la création de l’oeuvre.
Vient un moment où elle est,
présente, muette et informe encore.
Je vais à sa rencontre, sans intention ou projet,
comme en méditation. Je vis que le sentiment
est à l’origine de ce chemin.
Le coeur et le corps traduisent les sens
et les
sensations et les sentiments.
Les mains
imaginent des touchers, se souviennent.
Les mémoires me guident vers une tête
et
vers une vie, un être, les construisent,
voient son image et ses profondeurs.
Se rencontrent la mémoire de mes mains
et
la vie des matériaux, mes rêves et le portrait.
Mon vouloir est alors infime, si inexistant.
Lorsque mon image de l’oeuvre s’efface,
nous savons qu’elle est achevée.
─ Der Anfang, ein Gefühl.
Meine Hände erinnern sich der Berührung,
erahnen sich Identität,
erspüren das Fragment einer Geschichte,
ertasten verblassende Spuren.
Ich überlasse mich meiner Hände Empfinden.
Es ist eine Annäherung,
ein Überschreiten und Aufspüren.
Es ist ein Ertasten, ein Erfühlen.
Un-greifbar.
Ein vergessener Stoff, ein Fetzen Papier,
zurückgelassene Haut,
vermengt mit Erde, Lehm und meinen Träumen,
vernäht mit Draht, Faden und Gedärm,
gefärbt mit Blut,
mit der Leere und deren Tiefen,
bemalt mit Rost, Staub und Pigment,
behaftet mit Stille und Gefühl und Zeit.
Viel Zeit.
Es ist ein tiefes Sehnen.
Ein unerhofftes Erkennen, manchmal.
Dann ist es da,
noch stumm und unförmig.
Erfindet sich zur Hülle, zum Kopf,
dem Sein.
Bruxelles - Untereinöd
Silvia Hatzl - 2020